Les peintures, gravures et dessins de Fabien Yvon sont avant tout des images mentales. C’est dans le moment de la fabrication que se mêlent souvenirs d’expériences vécues, paysages observés en conduisant, et souvenirs d’œuvres. Richter, Turner, Boudin, ou même Victor Hugo, rencontrés sur les murs des musées ou entre les pages des livres, nourrissent les souvenirs de paysages vus. Des photos prises en conduisant, jamais utilisées directement, ont la même fonction de saisie et d’accumulation de strates.
Les paysages naissent de la rencontre de ces images mentales et des traces que laissent certains gestes techniques. Pinceau, chiffon, essuie glace, règle en plastique, lave-vitres, ou tout autre objet à proximité permet de tirer la peinture sur la toile, fouetter, éponger, effacer, racler. L’aléatoire laisse des marges, des surprises, le support permet les reprises. Pour les gravures et les dessins, les gestes sont plus précis, anticipés et dessinés avec une certaine maîtrise. L’outil exige plus de précision en laissant toujours une marge d’indécision. La connaissance d’un médium nourrit la relation à un autre.
Totale absence d’architecture, ou de trace humaine, c’est le mot paysage pourtant, qui structure ces compositions. Souvent deux parties horizontales, plus ou moins distinctes, sans certitude d’échelle, où le ciel peut devenir mer. Parfois, l’image est plus nette, la projection se fait plus précise et pourrait inciter à voir la saisie d’un paysage vu, voire reconnu. Le vocabulaire usuel, montagnes, nuages, effet minéral ou aquatique, vient rencontrer les matières, hachures, points, effets de superpositions, et les assemble
dans l’unité d’une évocation de paysage presque précis.
About landscapes :
This paintings, prints and drawings are, above all, mental images. At the very moment of the production memories of experiences, landscapes observed while driving and artwork recollections mix up. Met on the museum’s walls or between the pages of books, Richter, Turner, Boudin, or even Victor Hugo, nourish the memories of real landscapes. Pictures took while driving, never used directly, have the same input and depth accumulation function.
The landscapes arise from the meeting between this mental images and the marks left by
some technical gesture. Paintbrush, rag, windscreen wiper, plastic ruller, window wiper, or any within easy reach object allows to strech the paint on the canva, to lash, to sponge, to erase, to scrub. Random leaves margins, surprises, the stand allows a recovery. The gesture is much more precise, anticipated and controled for the prints and the drawings. The tool demands more precision while always leaving a leeway to indecisiveness. The knowledge of a medium feeds the relationship to another.
Complete absence of architecture, or human track, even if the word “landscape” structure the compositions. Often it is two horizontals parts, more or less distinct, without any certitude of scale, where the sky might become the sea. Sometimes, the image is clearer, the projection more accurate, it may invite you to remember or recognize a landscape. The usual vocabulary, mountains, clouds, mineral or aquatic effect, comes to meet the matters, hatches, dots, superpositions effects and gathers it in the unity of a nearly precise landscape evocation.